A l’attention de
- le président de l’agglomération du Grand Besançon
Copies à
- le député de la 2e circonscription du Doubs
Mme la députée de 1re circonscription du Doubs
Mrs les sénateurs du Doubs
Besançon, le 11 octobre 2018
Objet : lettre ouverte
L’édition d’octobre de la Presse bisontine a consacré un article sur les menaces de disparition des missions locales : dans le cadre des réflexions gouvernementales « action publique 2022 » consacrées au service public de l’emploi, le premier ministre a proposé des expérimentations de fusion des Missions locales (Milo) au sein de Pôle emploi.
Nous avons échangé avec la présidente de la mission locale du bassin d’emploi de Besançon, Mme Sylvie Wanlin, interviewée dans l’article cité, et nous partageons son inquiétude légitime à la fois pour le service rendu à l’usager et pour les équipes de la structure.
L’objectif affiché, certes louable, de « simplifier les démarches des usagers du service public de l’emploi » traduit une méconnaissance des publics, des méthodes et même des bons résultats des missions locales, dont celle du bassin d’emploi de Besançon, qui insère vers l’emploi 1 jeune accueilli sur 2.
Ces structures, au statut associatif, accompagnent vers l’emploi (ou la formation), les jeunes qui éprouvent justement des difficultés à en trouver. Leur plus-value est l’accompagnement individualisé de ces jeunes souvent en difficulté sociale. Les Milo permettent de lever les freins que sont l’absence de logement ou de mobilité, les problèmes de santé qui sont un préalable incontournable de l’accompagnement professionnel.
Leur force est aussi le maillage territorial avec leur présence dans les bourgs ruraux au plus près des bénéficiaires et des territoires. L’accompagnement mis en œuvre par les Milo est donc plus large et souvent plus réactif que celui proposé par pôle emploi, la réactivité permettant de ne pas perdre un public jeune assez volatil.
Nous attirons votre attention sur le fait que les missions locales ne sont ni des concurrentes de Pôle emploi (30% des jeunes accueillis ne sont jamais passés par Pôle Emploi et des conventions de partenariat sont établies entre les 2 structures) ni solubles dans pôle emploi car spécialistes d’un public spécifique. La fusion ne laisse présager qu’un service moins adapté à l’usager donc en contradiction avec l‘objectif affiché.
Il est aussi à noter que les élu-e-s, qui siègent à l’assemblée générale de la MILO y perdraient leurs capacités de pilotage de l’insertion des jeunes en difficulté de leurs propres territoires.
D’autre part, l’absorption des Missions locales par Pôle Emploi inquiète sur le devenir de leurs agents, aux compétences avérées, du fait de leur statut de droit privé qui n’est pas celui des agents de Pôle Emploi.
Enfin, il est opportun de rappeler que la fusion l’ANPE /ASSEDIC en 2009 a créé, dans la douleur, un « référent unique » à Pôle Emploi qui synthétise le métier de conseiller emploi et de spécialiste de l’assurance chômage. Une fusion Mission locale/Pôle Emploi demanderait à ces agents d’acquérir en quelque sorte un 3ème métier. On peut craindre que cette polyvalence forcée n’améliore pas le service rendu à l’usager.
Nous demandons donc que cette structuration et coordination des dispositifs se fassent non pas par une fusion mais par une innovation dans la gouvernance.
Ce dont notre société a besoin c’est d’un investissement sur l’humain, en effet l’analyse des besoins sociaux de la Ville de Besançon illustre que le les jeunes bisontins de moins de 30 ans sont de plus en plus nombreux à vivre sous le seuil de pauvreté (1 ménage sur 3), il nous apparait essentiel de renforcer les moyens nécessaires dans l’accompagnement de ces jeunes afin de ne pas les laisser continuellement du mauvais côté de la rue.
L’intergroupe du conseil municipal et du conseil d’agglomération bisontine