David Cormand au chevet du Doubs

 

 

Ce mardi 6 novembre, David Cormand, le secrétaire national d’Europe Écologie les Verts, avait choisi le Haut-Doubs pour constater les dégâts de la sècheresse et évoquer l’urgence dans laquelle se trouve notre planète. Il était accompagné par Catherine Hervieu, candidate EELV aux élections européennes, ainsi que par une équipe de militants menée par la cosecrétaire régionale de Franche Comté, Cécile Prudhomme et nos amis les Verts Suisse de Neuchatel.

À Villers le lac, première étape de tout un périple qui suit ce qui reste de la rivière Doubs, l’assemblée contemple avec stupéfaction un paysage asséché. Où est passé le lac de Chaillexon ? Un début de prairie herbeuse est en train de pousser là où passaient des bateaux remplis de touristes se rendant au Saut du Doubs. Les barques sont échouées au bord, les falaises paraissent encore plus hautes maintenant que l’on voit leur embase. On peut passer  en Suisse à pied ! D’ailleurs quatre militants et élus suisses sont venus à la rencontre de leurs homologues français pour partager leurs préoccupations. Certes, il y a le manque de pluie. Mais en 2003, lors d’une précédente canicule, le lac n’avait pas disparu. Il y a forcément d’autres causes, liées à l’aménagement du territoire, avec une urbanisation excessive et la destruction des milieux naturels, notamment des zones humides.

Tout le monde repart pour se rendre au défilé d’Entre Roches, où l’eau du Doubs a totalement disparu. Les gens se sont amusés à construire des petits tas de pierres, semblables aux cairns bretons, au milieu du lit de la rivière à sec. Il ne subsiste même pas une flaque d’eau. Pascal Reilé, un hydrogéologue bien connu en Franche-Comté, explique avec photos à l’appui, le phénomène des pertes de Doubs, propre au relief karstique. L’eau s’engouffre dans des failles et circule en sous-sol pour ressortir dans la Loue. Lorsque le niveau de l’eau est bas, la rivière disparait complètement sur des kilomètres. Cette année, la population des poissons et de toute la microfaune qui vit dans ces lieux a été fortement touchée. Certains endroits sont considérés comme morts par les membres de la Fédération de pêche.

Le circuit se continue par le barrage du lac Saint Point. Celui-ci ne remplit plus son rôle de régulation, il est devenu vétuste. Le niveau du lac a baissé de manière importante, mais ce qui est plus préoccupant, c’est sa pollution. Or, il approvisionne en eau potable 14 communes ainsi que la ville de Pontarlier. Le problème est lié à son collecteur qui n’est pas adapté et laisse passer les eaux parasites dans le réseau d’assainissement. Tout cela est expliqué par le garde-pêche Alexandre Cheval. Ce qu’on n’ose pas dire trop fort, c’est que les pratiques agricoles sont mises en cause. En effet, l’élevage bovin a fortement augmenté ces 15 dernières années en raison de l’explosion de la demande en fromage de Comté. Ce qui est une bonne nouvelle économique (à première vue !) n’en est pas une pour l’environnement. Les prairies naturelles sont souvent remplacées par des prairies artificielles à base « ray grass » et la pollution engendrée par les déjections animales n’est pas maitrisées.

Le périple s’achève par une visite à la tourbière de Frasne, où nous sommes attendus par Daniel Gilbert, professeur au laboratoire Chrono-environnement de l’université de Franche-Comté. Il nous montre des appareils installés au sein de la tourbière, qui mesurent la température, l’hygrométrie, la teneur en CO2 et en méthane. Il nous apprend que la température de la tourbière a augmenté de 2,3 C° en dix ans. Or, une tourbière est un piège à carbone. Si elle ne remplit plus cette fonction, elle va relâcher du CO2 dans l’atmosphère, augmentant ainsi le phénomène d’effet de serre. Ce constat est d’autant plus préoccupant qu’il concerne de grandes régions comme la Sibérie et la Scandinavie, qui se réchauffent plus vite qu’ailleurs, et qui sont de véritables bombes à retardement de CO2.

David Cormand, après avoir remercié tous les participants, s’en est retourné à Paris. Au même moment, la pluie commençait à tomber… Les problèmes sont posés, des solutions existent. Il est urgent de les mettre en application pour limiter les dégâts. En effet, certains sont irrémédiables, d’autres peuvent encore être jugulés. Seuls les politiques peuvent prendre ces décisions importantes. En auront-ils le courage ?

 

Suzy Antoine