«  Coronavirus:  ANTICIPER ET NON SUBIR »

Cette contribution non exhaustive d’Europe Ecologie Les Verts Franche-Comté s’inscrit dans la volonté de se projeter dans une solution pertinente et pérenne de sortie de crise et de contribuer à l’émergence d’une réflexion politique globale visant à construire les fondements d’une société de l’anticipation et de l’adaptation face aux crises sanitaires, économiques, climatiques et sociales.

«  Coronavirus:  ANTICIPER ET NON SUBIR »

La crise du Coronavirus ne doit pas nous faire oublier la crise écologique que nous traversons, nous devons donc y travailler dès maintenant et à long terme.

Face à un virus qui a le potentiel de faire beaucoup de morts à travers le monde, des mesures de restriction de liberté sans précédent depuis la Seconde Guerre Mondiale ont été mises en œuvre dans notre pays. Des mesures de confinement ont été adoptées. Nous en prenons acte. Il faut s’y tenir. 

Pour autant, pour les écologistes, cette crise sanitaire est révélatrice de maux liés à notre mode de développement prédateur et extractiviste dans le cadre d’une mondialisation non régulée. Cette crise sanitaire interroge notre rapport à la nature et au vivant autant qu’elle questionne sur l’affaiblissement des capacités de résilience de notre pays et de nos territoires. 

A l’échelle globale, la destruction méthodique de l’environnement participe à la propagation rapide des pandémies.1 La dégradation et la fragmentation des milieux naturels dans un contexte de globalisation provoquent une accélération des contaminations et des mutations.2 Elles font la preuve de l’impact structurel et systémique de notre activité sur les milieux naturels et par retour sur notre existence.

La lutte contre la déforestation, contre l’extraction de ressources naturelles au détriment de l’environnement, contre l’urbanisation intensive, contre l’élevage intensif et la chasse d’animaux sauvages, pour le développement de l’agroécologie, pour la sauvegarde et la restauration des habitats naturels sont quelques exemples des combats historiques menés par les écologistes à travers le monde qui anticipaient les risques encourus. Aujourd’hui, encore plus qu’hier, ces combats sont vitaux pour l’avenir.

A l’échelle nationale, la dégradation méthodique de notre service public de santé nous rend collectivement plus vulnérables pour faire face aux pandémies. La logique budgétaire, qui privilégie les calculs de rentabilité à la qualité du service rendu à la population, conduit à la situation que nous connaissons aujourd’hui. La crainte principale du corps médical vis à vis de l’épidémie actuelle est l’engorgement des services de réanimation 3. Manque de moyens et d’effectifs, c’est l’ensemble de notre système de santé qui est en crise. L’hôpital a perdu 22 % de ses lits entre 1998 et 2018, si un certain nombre de lits ont été redéployés à bon escient, à l’hôpital la diminution de ces capacités d’accueil est non négligeable et nous fait cruellement défaut aujourd’hui 4. Depuis plus d’un an, les professionnels de l’hôpital public se sont mobilisés dans un mouvement social qui malgré sa durée n’avait pas généré des réponses fortes du gouvernement 5. Ainsi il est possible de s’interroger pour savoir si les conséquences de la décision générale de confinement n’auraient pas pu être relativisées par la prise en considération et la valorisation de l’hôpital public a priori. Car finalement, le choix restrictif privilégié de limiter les dépenses budgétaires du secteur public notamment sanitaires 6 va se révéler infime face aux emprunts engagés pour financer les mesures actuelles 7.

Les questions de santé, de la défense des services publics, de la relocalisation de l’économie et de la lutte contre un système économique destructeur fortement vulnérable sont des batailles menées de longue date par les militants et élus écologistes. Là encore, aujourd’hui, encore plus qu’hier, ces batailles collectives devront être victorieuses pour faire face aux enjeux d’avenir.

Un avant, un après, un pendant

Nous y sommes. Face à cette crise, il y a eu un avant, il y aura un après, il y a un pendant.

Actuellement, et pour une durée indéterminée, l’ensemble de  la population française, sauf quelques exceptions exhaustivement listées, est soumise à un confinement imposé dans le cadre de la prévention sanitaire. Cette mesure a pour but d’endiguer la propagation du virus, de manière à ne pas engorger les services sanitaires publics. Si EELV prend acte de la mesure immédiate et préventive de confinement, il considère néanmoins son impact au regard de critères sociaux, sanitaires, juridiques et économiques. 

Le confinement exacerbe les différences sociales et territoriales qu’il va être urgent de prendre réellement en compte.

Une loi d’urgence sanitaire a été votée au Parlement afin de donner les moyens juridiques et financiers d’agir pour faire face à la crise sanitaire.

Il est à noter qu’il s’agit d’une deuxième loi instituant l’état d’urgence en l’espace de 5 ans. Alors que son application depuis 1955 avait été particulièrement limitée, cela interroge sur les garanties démocratiques de cette mesure d’exception (8). Ceci doit nous alerter sur notre capacité d’anticipation sanitaire. Dans un contexte de défiance à l’égard des politiques et de ses administrations et alors que l’état d’urgence sanitaire amène au renforcement exceptionnel des pouvoirs de l’exécutif, nous exigeons la transparence complète des avis scientifiques, des choix politiques. De même il parait impératif que soit mise en place une commission spéciale parlementaire.

Dans ce contexte et au vu des éléments de connaissance en notre possession à l’heure actuelle, EELV FC propose les mesures suivantes (par ordre chronologique) :

IMMEDIATEMENT : (dès aujourd’hui)

  • Fournir des masques et des gants pour tout le monde.

  • Plus de transparence dans les informations données et les avis scientifiques  et surtout la mise en place d’une commission parlementaire extraordinaire.

  • Une communication qui ne soit pas seulement factuelle (on sait que … on a décidé que …) mais aussi explicative.

  • Toutes les personnes nécessaires au fonctionnement du pays et aux services essentielles à la personne doivent pouvoir bénéficier de mesures d’accompagnement qui leur permettent d’exercer dignement leur métier.

  • Des mesures  d’accompagnement du confinement pour les personnes les plus vulnérables : habitat collectif et nombre de personnes par habitation, tentatives de suicide liées à l’isolement, femmes et enfants battus, prise en compte des malades hors coronavirus., mère et père célibataire qui travaillent, décrochage scolaire des enfants qui ne sont pas accompagnés par leurs parents, inégalité sociale de la fracture numérique, consommateurs de drogues qui ne vont plus pouvoir trouver leur dose donc sujet à des crises de décompensations violentes, intérimaires sans revenus, artisans, commerçants,…

À COURT TERME : (pendant la phase de confinement environ 2 mois)     

  •  Accroitre l’efficacité du confinement en généralisant la distribution de masques et en systématisant les tests de dépistages

  •  travailler dès maintenant à  un dispositif de sortie du confinement.

  • Sécuriser les filières d’approvisionnements en oxygène, et en médicaments (sédatifs notamment) indispensables au traitement des patients les plus atteints

  • Poursuite de la recherche médicale afin de trouver une réponse vaccinale ou médicamenteuse à la maladie ; en privilégiant les méthodes de substitution à l’expérimentation animale.

  • Soutenir et faire connaître les sites sérieux de fact checking et promouvoir ainsi la lutte contre les infox et les tentatives de déstabilisation de notre pays et de l’UE.

  • Sécuriser les filières d’approvisionnement et logistiques de l’ensemble des besoins de première nécessité pour permettre d’être confinés.

  • Soutenir et promouvoir le système de fonctionnement des AMAP , des circuits courts, par le maintien des marchés de proximité et les livraisons aux personnes.

À MOYEN TERME : (à la sortie du confinement)
  • Nous sommes attentifs au fait que le confinement est une mesure d’exception qui diminue les libertés publiques et qu’il faut en sortir le plus rapidement possible.

  • Il s’agit de se préparer à la sortie progressive du confinement en mettant en place des mesures d’accompagnement

  • Un bilan global devra être exposé publiquement, afin d’évaluer a posteriori les mesures prises et en tirer les conséquences.

  • Anticiper et prévoir un retour possible d’une autre pandémie  notamment en crééant des réserves stratégiques de matériels adaptés. 

  • Prévenir et développer la production locale et bio alimentaire.

À LONG TERME : (d’ici un an)
  • Développement des services publics qualifiés d’essentiels pour la nation : santé, éducation, sécurité, justice, alimentation, télécommunications, poste, service public d’information…

  • Repenser l’accompagnement de la dépendance, à domicile comme en EHPAD, afin d’organiser une prise en charge équitable : pour la personne dépendante comme pour celle ou celui qui exerce la profession d’aide et de soin ou les « aidants non professionnalisés ».

  • Relocaliser en Europe les capacités de production stratégiques (santé, environnement, mobilité…) et promouvoir une politique de santé et de gestion de crise sanitaire  à l’échelle de l’UE.

  • Prévenir une réitération de la pandémie par ce qu’EELV préconise depuis plusieurs années :  la production soutenable et équitable des biens et services notamment alimentaires, afin qu’ils soient bio et respectueux de l’environnement (circuits courts, habitats économes, production d’énergie renouvelable…)

  • Restructurer(voire annuler en partie)  la dette publique contractée afin de maintenir une capacité d’investissement favorable à une transition écologique et énergétique effective.

  •  Veiller à la neutralité et à l’indépendance de l’OMS vis à vis des lobbys, des intérêts privés et étatiques afin d’en accroître sa crédibilité et de fait notre réactivité.

  • Lutter efficacement contre la perte de biodiversité et la rétractation des espaces naturels afin de limiter les risques de transmission virale d’une espèce à l’autre (Rewilding)

  • Mettre en place une politique de réhabilitation de l’habitat pour qu’il soit plus confortable et économe pour toutes et tous au quotidien.

  • Développer les politiques de lutte contre l’isolement (points d’écoute, lieux d’échanges numériques, solidarités entre voisins…), ces outils pourront être mise en œuvre plus efficacement et plus rapidement en période de crise 

  • Définir et financer les politiques de résilience sur les territoires (fonds d’aide aux collectivités, entrepreneur-se-s de la transition…)

  • Construire une réelle politique de la transition écologique et énergétique créatrice d’emplois et relocalisant les productions indispensables à échelle européenne.

  • Mettre en œuvre une véritable politique de sensibilisation et de formation des populations aux risques majeurs (sanitaires et biologiques, industriels et nucléaires). cette politique devra intégrer l’organisation « horizontale » de la solidarité par rue, par quartier, par villages et par ville.

Cette contribution non exhaustive d’Europe Ecologie Les Verts Franche-Comté s’inscrit dans la volonté de se projeter dans une solution pertinente et pérenne de sortie de crise et de contribuer à l’émergence d’une réflexion politique globale visant à construire les fondements d’une société de l’anticipation et de l’adaptation face aux crises sanitaires, économiques, climatiques et sociales.

Sources :